GaBLé – pop
C’est peu dire qu’en vingt ans, Gaëlle, Mathieu et Thomas ont un peu tout fait, tout parcouru, contaminant de leur belle folie les petites et les grandes scènes d’Europe et d’ailleurs. Toujours en débord de la scène pop française, qui lui doit beaucoup, le trio normand s’était fait plus rare depuis trois ans et la fin de leur tournée Comicolor, ciné-concert joué plus d’une centaine de fois. Il était temps, après tout, de souffler un peu.
Comment garder la capacité à se perdre dans son propre monde quand on l’a si souvent emprunté ? C’est la question que se sont posé les Gablé pour réinvestir cette ingénierie foutraque, cet art du joyeux chaos qui font leur signature en live.
Plus profond que ses prédécesseurs, impressionnant dans sa production et son travail d’arrangements, PiCK THe WeaK est un nouvel album bienfaisant, un doudou sur lequel on pourra longtemps compter. Mais c’est aussi l’exercice de conscience d’un groupe qui, pour pénétrer le temps qui passe, le retenir encore dans ses filets, a su dépasser ses doutes, retrouver le goût de l’urgence et des retrouvailles.
BRUIT NOIR – slam noir
Le nouveau Bruit Noir est encore pire donc encore mieux que les deux premiers. Voire que les trois premiers, mais ça on ne saura jamais car ils sont directement passés à l’album « IV/III ». Comme si Jean-Michel Pirès et Pascal Bouaziz voulaient d’entrée de jeu écarter l’idée de « dernier album » après s’être échappés de Mendelson (RIP). Sur les instrus abrasifs de Pirès, le fakir Bouaziz s’agite, s’écorche, balance des punchlines à rendre jaloux les meilleurs artilleurs du rap, tire avec une hilarante mauvaise foi sur tout ce qui bouge ou ne bouge plus (y compris lui-même), dérange, choque, attendrit, agace. Et encore, on ne parle là que de ce qui arrive sur le disque, car en live nul ne peut prédire, pas même Bouaziz, ce qui lui passera par la tête une fois sur scène, n’étant jamais avare de longue tirades pince-sansrire, qui font de chaque concert un moment toujours unique, souvent inique.